Les grands orchestres, les diverses influences de style, et les musiciens qui ont marqué l'histoire du tango

Les grands orchestres de tango ont quasiment toujours été l'affaire d'une vie et souvent d'un seul homme. Un tableau réalisé par L'Academia Nacional del Tango de Buenos Aires, résume les grandes lignes et influences de ces grands musiciens.

Lors de mes voyages, j'avait pris quelques photos, certes guère exploitables, mais après  un petit (!) travail de reconstitution...

Cliquez sur l'image du tableau, ci-dessous,  pour l'agrandir

histoire du tango grands orchestres

Ci-dessous quelques résumés de la vie de ces grands musiciens dont le style a marqué l'histoire du tango, classés à gauche, première colonne descendante, puis seconde, dans l'ordre sensiblement chronologique du tableau.

Attention : cette publication étant très lourde, elle est répartie sur deux pages différentes, mais c'est totalement transparent à partir des liens du tableau ; ne soyez pas étonnés.

Partie 1

Partie 2

 

Par ordre alphabétique

  Enrique Pedro Delfino   Osvaldo Pugliese     Balcarce, Emilio   Lomuto, Francisco
  Osvaldo Fresedo   Emilio Balcarce     Basso, Jose   Maderna, Osmar
  Roberto Firpo   Domingo Federico     Biagi, Rodolfo   Maffia, Pedro
  Francisco Canaro   Rodolfo Biagi     Calo, Miguel   Mancione, Alberto
  Juan Carlos Cobian   Argentino Galván     Canaro,  Francisco   Marcucci, Alfredo
  Francisco Lomuto   Horacio Salgán     Cobian, Juan Carlos   Mederos, Rodolfo
  Julio de Caro   Florindo Sassone     D'Agostino, Angel   Mores, Mariano
  Miguel Calo   Astor Piazzolla     D'Arienzo, Juan Mosalini, Juan José
  Pedro Láurenz   Hector Varela     De Angelis, Alfredo   Piazzolla, Astor
  Pedro Maffia   Mariano Mores     De Caro, Julio   Plaza, Julian
  Juan de Dios Filiberto   Alberto Mancione     Delfino, Enrique Pedro   Pugliese, Osvaldo
  Alfredo Marcucci   Donato Racciatti     Demare, Lucio   Quinteto Real
  Juan d'Arienzo   Osmar Maderna     Di Sarli, Carlos   Racciatti, Donato
  Ricardo Tanturi   Atilio Stampone     Donato, Edgardo   Ruggiero, Osvaldo
  Edgardo Donato   Quinteto Real     Federico, Domingo   Salamanca, Fulvio
  Angel d'Agostino   Fulvio Salamanca     Federico, Leopoldo   Salgan, Horacio
  Alfredo de Angelis   Leopoldo Federico     Filiberto, Juan de Dios   Sassone, Florindo
  Carlos di Sarli   Rodolfo Mederos     Firpo, Roberto   Sexteto Mayor
  Lucio Demare   Osvaldo Ruggiero     Fresedo, Osvaldo   Sexteto Tango
  Anibal Troilo   Julian Plaza     Galván, Argentino>   Stampone, Atilio
  Orlando Goni Juan José Mosalini     Gobbi, Alfredo   Tanturi, Ricardo
  Jose Basso   Sexteto Tango     Goni, Orlando   Troilo, Anibal
  Alfredo Gobbi   Sexteto Mayor     Láurenz, Pedro   Varela, Hector

Ce ne sont que de petits résumés. Pour des informations plus complètes et plus précises, sur ces orchestres ou d'autres musiciens, n'hésitez pas à nous contacter, grosse bibliothèque à votre service : contact (arobase) el-ingeniero.fr

Et pour parcourir une discographie générale également résumée, mais permettant d'écouter quelques morceaux : cliquez ici

Osvaldo Pugliese

histoire du tango osvaldo pugliese

Osvaldo Pugliese ( Buenos Aires 02/12/1905 - Buenos Aires 25/07/1995) : compositeur de tango, pianiste et chef d'orchestre.

Né dans le quartier de Villa Crespo, son père et ses deux frères aînés sont également musiciens. Il étudie la musique au conservatoire de son quartier, commençant par le violon, mais s'orientant très vite vers le piano. Il débute en trio dans le Café de la Chancha, littéralement le café des cochons, tant le lieu était réputé sale, et son patron aussi...

Heureusement, très vite il fait ses débuts dans un orchestre, dans lequel la directrice Francisca Cruz Bernardo , plus connue sous le nom de " Paquita" , ou "La Flor de Villa Crespo" , en fait la première joueuse de bandonéon du pays ! Plus tard, en 1924, il intègre le quator d'Enrique Pollet, et arrive chez les grands : Roberto Firpo et, en 1926, Pedro Maffia.

Il réalise son rêve en 1929, et crée son propre orchestre.

La première tentative est un peu un échec. Pourtant tout avait bien commencé avec un énorme succès au Café Nacional, mais la tournée qui s'en suivit fut un désastre financier. Osvaldo Pugliese est contraint d'abandonner et de jouer dans les formations d'Alfredo Gobbi, Roberto Firpo et Miguel Caló, entre autres. Mais Pugliese n'abandonna jamais son rêve et c'est ainsi qu'en 1936 il crée un sextet et fait ses débuts sur la célèbre avenue Corrientes , au Germinal. Il présente son orchestre, lui-même comme directeur et au piano, au Café El Nacional le 11 août 1939. Le succès va durer 55 ans et partout dans le monde !

Durant cette période, " Don Osvaldo " comme on l'appelait par respect, a composé plus de 150 morceaux, certains très célèbres comme Memoria , La Beba , Negracha , Malandraca et le plus connu, La Yumba enregistré 21 Août, 1946 chez Odeon. Il a également enregistré plus de 600 titres d'autres auteurs. Ecoutons la version de La Yumba de 1952 :

             

Plusieurs grands chanteurs sont passés dans son orchestre : Roberto Beltrán , Roberto Chanel , Alberto Morán (de 1945 à1954), depuis 1944, Jorge Vidal , Jorge Maciel , Miguel Montero , Alfredo Belusi , Adrián Guida et Abel Córdoba , ce dernier ayant chanté pendant plus de 30 ans dans l'orchestre.

osvaldo puglieseLe style de Pugliese est dit " decareano", en référence à celui de Julio et Francisco De Caro. On le reconnait facilement par sa puissance, son côté très percussif, l'utilisation du Rubato qui consiste à ralentir puis accélérer certaines notes, et une polyphonie très travaillée. Il utilise aussi la syncope (mais attention dans le tango, comme dans le jazz, la syncope consiste en une note ou un battement tombant à un endroit inattendu, ou le fait de marquer un temps faible ; ceci est différent de la définition utilisée en musique classique et que l'on trouve par contre dans le 3-3-2 de Piazzolla). On ne danse pas sur Pugliese avec n'importe quel partenaire...

Osvaldo est apparu dans plusieurs films, dont " Tangos, l'exil de Carlos Gardel " de Fernando Solanas en 1985, Prix spécial du Festival de Venise, et où on le voit jouer La Yumba au Bataclan. Il remporta trois fois le Prix Konex, fut le premier à jouer au Teatro Colón, pour ses 80 ans toujours en 1985. Célébré dans le monde entier, il reçut de nombreuses récompenses et décorations :  la ville de Buenos Aires , l'a déclaré Citoyen illustre en 1986 . En 1988, c'est le gouvernement français qui le nomme Commandeur des Arts et des Lettres.  En 1990 , il reçoit le titre d' Académicien Honoraire de l' Académie Nationale de Tango.

Très engagé dans le développement de la Sadaic, le syndicat des auteurs-compositeurs argentins, il l'était aussi politiquement. Membre du parti communiste, il fut interné plusieurs fois sous Perón, et ceci arriva jusqu'en 1957. Il fut même interdit de radio, et parfois la police venait pour l'arrêter en plein concert. Conformément à ses idées, il était le seul à partager les gains de l'orchestre, à parts égales entre lui et ses musiciens. Ceux-ci, lorsqu'il était en prison, refusaient de le remplacer, et le piano restait vide, avec juste une rose (ou un œillet) posée dessus.

osvaldo pugliese la rosa estacion subte malabia pugliese station de metro osvalso pugliese

En 1989, les habitants du quartier Canning, épaulés par les admirateurs de Pugliese, firent une pétition pour changer le nom de la station de métro Malabia de la ligne B, en station " Malabia - Osvaldo Pugliese". A l'extérieur l'orchestre est reconstitué en grandes figurines, et un buste d'Osvaldo occupe le premier plan. Sur les plaques honorifiques qui l'entourent, on peut voir à quel point l'homme est adulé : coexistent, côte à côte, aussi bien celle du Parti Communiste, que celle de la Banque Creditcoop. Le 20 Aout 2005, le journal l'Humanité titrait en France " Osvaldo Pugliese, l'œillet rouge du génie " !

Negracha                                                                  Recuerdo

             

Le 25 juillet 1995, Osvaldo Pugliese nous quitta et ses obsèques donnèrent lieu à de véritables funérailles nationales.

Il est totalement inconcevable, encore aujourd'hui à Buenos Aires, comme ailleurs dans le monde, de ne pas faire figurer au moins une tanda de Pugliese durant une soirée tango, quelque soit l'âge ou le style de la clientèle.

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Emilio Balcarce

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Emilio Balcarce ( Buenos Aires 22/02/1918 - Buenos Aires 19/01/2011) : violoniste , bandonéoniste, chef d'orchestre , arrangeur et compositeur.

Il commence par la mandoline, puis étudie le violon de 7 à 13 ans, et, outre le solfège et l'harmonie, il étudie, chose rare, le contrepoint, et même la fugue classique. En 1935, âgé de 17 ans il rejoint l'orchestre de Ricardo Ivaldi. Cinq ans plus tard, il écrit les arrangements et dirige l'orchestre d'Emilio Orlando. Musicien éclectique, il bascule vers le bandonéon en 1940 et forme son propre orchestre, même s'il revient au violon dans l'orchestre d' Edgardo Donato. De nouveau bandonéoniste dans son propre orchestre, il fait venir un chanteur qui deviendra un des grands de l'histoire du tango : Alberto Marino.

Lorsqu'Alberto Castillo quitte Ricardo Tanturi en 1943, celui-ci lui demande de diriger son orchestre, lui-même en étant le soliste. Ensemble ils réaliseront de grands succès comme Manoblanca, Anclao en Paris, Charol et Amarras.

Possédant la technique du contrepoint, il écrivit les arrangements d'orchestres prestigieux comme ceux d'Anibal Troilo, Alfredo Gobbi ou Francini Pontier. En 1949 il rejoint Pugliese avec qui il enregistrera sa propre composition " Bien compadre ".

Il se consacrera aussi à l'enseignement. Il a ainsi créé en 2000 l' " Orquesta Escuela de Tango " sous l'égide du Ministère de la Culture de la Ville de Buenos Aires, et participa, en 2005, au documentaire " Si sos brujo: una historia de tango ".

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Domingo Federico

histoire du tango domingo federico

Domingo Federico ( Buenos Aires 04/06/1916 - Buenos Aires 06/04/2000) : bandonéoniste, chef d'orchestre, compositeur, et professeur.

Très jeune il s'intéresse au bandonéon avec son père et il étudie, à Buenos Aires, au Conservatoire dirigé par Pedro Maffia et Sebastián Piana. A seize ans il forme un duo avec sa sœur et ils commencent à jouer dans le centre-ville, mais également lors de petites tournées. C'est également avec sa sœur qu'il créée son premier orchestre, exclusivement composé de filles.

Il passe par l'orchestre de Scarpino, celui de Juan Canaro pour ensuite rejoindre celui de Miguel Caló. C'est avec lui que le tango " Al compás del corazón " fut joué pour la première fois. Deux ans plus tard, en 1943, il fonde son propre orchestre : quatre bandonéons, quatre violons, un pianiste, et son propre père à la contrebasse. Ils furent embauchés par Radio Splendid et jouèrent sur toutes les scènes les plus importantes de Buenos Aires.

Il effectua 45 tournées à travers l'Argentine et les pays d'Amérique latine et 120 récitals au Japon, d'abord comme bandonéoniste dans l' Orchestre de Francisco Canaro en 1961, puis à la tête du Quintette A lo Pirincho.

Il nous laissa parmi ses compositions, Yuyo verde, Al compás del corazón, Tristezas de la calle Corrientes, Percal, A bailar, toutes avec Homero Espósito comme parolier ; Saludos, Dejame volver para mi pueblo, ... et plus d'une douzaine d'autres...

Ecoutons la version de 1952 du tango Percal, chanté par Armando Moreno
(à noter qu'il enregistra une autre version en 1961, et chantée par Ruben Maciel, en... esperanto...)

Très éclectique, il participa comme acteur aux films, "Un cantor del pueblo" (1948), "Un cualquiera de tropezón par en la vida" (1949), "El tango ídolo" (1949), "La historia del tango" (1949), "Al compás de tu mentira (1950), "El cantor del pueblo (1951), "La diosa impura" (1963), et comme directeur d'orchestre dans "Es otra cosa con guitarras" (1949)

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Rodolfo Biagi

histoire du tango rodolfo biagi

Rodolfo Biagi ( Buenos Aires 14/03/1906 - Buenos Aires 24/09/1969) : pianiste, chef d'orchestre, et compositeur.

Dès la fin de l'école primaire, Biagi, passionné de musique étudie le violon au conservatoire de musique de La Prensa, dirigé par María Rosa Farcy de Montal. Ayant opté ensuite pour le piano, il commence à jouer, à 13 ans, au cinéma Colón, pendant le film et les entractes. Ses parents n'en savent rien...

Un jour Juan Maglio passe dans le cinéma, écoute le gamin et l'invite à venir jouer au Nacional, un des lieux les plus réputés de l'époque. Il a quinze ans. Il reste avec Maglio pendant deux ans, puis joue avec Miguel Orlando au Maipú Pigall. C'est là qu'il rencontre avec Carlos Gardel, et José Razzano qui le sollicita pour l'accompagner dans plusieurs enregistrements. Nous sommes en 1927. Peu de temps après, Carlos Gardel lui propose de l'accompagner en Espagne, mais Rodolfo décline et rejoint l'orchestre de Juan Guido.

En 1935, Rodolfo Biagi intègre l'orchestre de Juan d'Arienzo, lequel marque alors une nette évolution dans son style en mettant plus en avant le piano. Leur coopération va durer trois ans et en 1938, Biagi part pour fonder son propre orchestre et débute au cabaret Marabú, un des hauts lieux à la mode (superficie de 1000m2 !). Il fait appel à plusieurs chanteurs, mais celui qui reste dans l'histoire, c'est Jorge Ortiz, arrivé en 1940. A partir de 1938, Biagi enregistrera 186 tangos. Et tout aussi célèbre, il faut mentionner Hugo Duval qui restera jusqu'à la fin de l'orchestre en 1966. De gauche à droite ci-dessous, " Humiliacion " (1941) avec Jorge Ortiz, " Amor y Vals " (1942) avec Alberto Lago, et dessous " Todo es Amor " (1958) avec Hugo Duval :

     

Biagi, "le cauchemar des mauvais danseurs, le régal des danseurs qui écoutent la musique..." Le style de Biagi est facilement reconnaissable par ses deux aspects caractéristiques : d'abord la prééminence du piano, ensuite l'utilisation de la syncope qui déroute les danseurs "métronomiques". A noter que la syncope en tango n'a pas exactement le même sens qu'en musique classique, pouvant signifier soit le simple fait de déplacer l'accent sur un temps faible, soit de marquer le premier temps de la mesure par deux croches fortement accentuées, soit enfin de marquer un accent sur le dernier temps faible de la mesure précédente... (à noter la concordance parfaite avec la définition de la musique classique dans le 3-3-2 du Libertango de Piazzolla, la syncope étant présente sur la seconde noire pointée, placée sur la partie faible du deuxième temps). Il devient alors évident que pour danser correctement il faut d'abord une très bonne écoute musicale, et ne pas se limiter à vouloir suivre la seule pulsation... même approche que pour danser sur Pugliese...

Parmi les compositions, notons Humillación, Gólgota, Indiferencia, Campo Afuera, Amor y vals, etc... Son surnom de "Manos Brujas" (mains magiques ou de sorcier) donné lors de ses passages à Radio Belgrado, définissait bien son talent...

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Argentino Galvan

histoire du tango argentino galván

Argentino Galvan ( Chivilcoy, province de Buenos Aires, 13/7/1913 – Buenos Aires, 8/11/1960) : violoniste, chef d'orchestre, compositeur et arrangeur

À Chivilcoy, petite ville située à 170 kilomètres de la ville de Buenos Aires, il étudie le violon pendant cinq ans, étant en contact avec de nombreux musiciens qui fréquentaient son père, lui-même excellent guitariste.

En 1931, il organise avec son frère, son premier sextet. la même année, Osvaldo Pugliese et Alfredo Gobbi se produisent à Chilvicoy, entendent Argentino Galvan au violon, et l'encouragent à venir se produire à Buenos Aires. Fin 1933, Galvan fonde un trio de guitares pour l'accompagner, et en 1935 part pour la capitale. Il y travaille avec Enrique Delfino sur Radio Splendid, et également avec les ensembles de Juan Canaro, Florindo Sassone et, en 1937, et entre comme premier violon dans l'orchestre de Miguél Caló.

En 1948, il joue à Radio El Mundo à la tête d'un orchestre de 35 musiciens.

En 1956, il dirige l'orchestration du ballet folklorique argentin "El Chúcaro" de Santiago Ayala, danseur et chorégraphe mondialement connu. En 1958, il fonde l'orchestre "Los Astros del tango ", formant un groupe aux caractéristiques uniques : un septueto qui joue exclusivement ses arrangements de tangos classiques. Il était composé par ceux qui ont peut-être été parmi les meilleurs instrumentistes de toute l'histoire du genre : Elvino Vardaro et Enrique Mario Francini aux violons, Julio Ahumada au bandonéon et Jaime Gosis au piano – le groupe était complété par Mario Lalli à l'alto, José Bragato au violoncelle (plus tard remplacé par Enrique Bourguet) et Rafael del Bagno à la contrebasse. Chacun des trois albums qu'ils ont publiés à cette époque, était dédié à deux compositeurs, Arolas et Bardi, Delfino et Aieta, et De Caro et Cobián.

Ecoutons le titre "Sans soucis" par l'orchestre "Los Astros del Tango", direction et arrangements d'Argentino Galván

Il fut ainsi, l'un des arrangeurs les plus importants du genre. Lorsqu'Astor Piazzolla, qui faisait des arrangements dans l'orchestre d' Aníbal Troilo, prit sa retraite en juillet 1944, Troilo fit appel à Galván pour le remplacer. Et lorsque Troilo fit ses débuts sur Radio El Mundo en 1940, la première œuvre de Galván fut le tango d' Osvaldo Fresedo, " Pimienta ". L'arrangement le plus important de Galván pour Troilo fut pour le tango " Recuerdos de Bohemia ", marqué par sa prédilection pour Claude Debussy.

Argentino Galván s'essaye au jazz et écrit Violinomanía en l’honneur du virtuose d’Elvino Vararo. Celui-ci l’enregistra à la tête du Brighton Jazz Orquesta en 1941 à Buenos Aires

Il a également composé des arrangements pour Osvaldo Pugliese (Adiós Bardi et La beba), Francini- Pontier (Tigre Viejo), Osvaldo Fresedo (El día de tu ausencia), et José Basso (Rosicler). A noter également les arrangements de "Selección de tangos" (1949) de Julio De Caro, le tango "Sur" (1948) et la valse "Palomita blanca", pour le duo Alberto Marino-Floreal Ruíz. En ce qui concerne ses compositions, on retiendra principalement la valse " Madre mia " et le tango " Mariposa ".

En 1953 il  obtient de la société des droits d'auteurs, la SADAIC, l'inscription du nom de l'arrangeur pour chaque tango.

En 1960, il enregistre l'album " La Historia de la Orquesta Típica ", sous-titré " El Tango en su Evolución Instrumental ", qui va de Don Juan, jusqu'à Piazzolla. En mars 1960, il dirige le " Giant Tango Orchestra " à l' Opéra Théâtre. Au mois d'août, il commença à préparer une tournée au Japon où il prévoyait de se produire avec des musiciens argentins et japonais et avait déjà composé pour l'occasion un tango intitulé " Sayonara ", mais il mourut le 8 novembre de la même année.

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Horacio Salgán

histoire du tango horacio salgán

Horacio Salgán ( Buenos Aires 15/06/1916 - Buenos Aires 19/08/2016) : pianiste, chef d'orchestre, compositeur, et enseignant afro-américain.

Né dans le quartier d'Abasto, Salgán commence le piano à l'âge de six ans et commence très tôt à illustrer musicalement les films muets dans les cinéma de quartier. Il joue, adolescent, au café El Gato Negro, sur Corrientes, et parfois comme organiste à l'église. À 18 ans, il rejoint l'orchestre de Radio Belgrano comme soliste. À 20 ans, il est remarqué et embauché par le chef d'orchestre Roberto Firpo, dans le Cuarteto de la Guardia Vieja. À la fin 1942, il enregistre sa première composition, "Choro en Fa", et en 1944 crée son propre orchestre qui durera jusqu'en 1947, avec une particularité : aucun enregistrement durant toute cette période. A dire vrai les débuts avaient été difficiles : Salgan est en avance sur son temps, faisant évoluer le tango de la danse vers le concert. Mais peu à peu il est accepté. Entre 1947 et 1950, Horacio Salgan se consacre à la composition et à l'enseignement.

Il revient en 1950 avec un nouvel orchestre. L'accueil à Radio Belgrano est favorable, et les tournées et les enregistrements s'enchaînent avec succès. Parmi ses chanteurs : Ángel Díaz, Horacio Deval et Goyeneche, auxquels il faut ajouter Héctor Ortiz et Mario d'Elia pour certains programmes de Radio Splendid. Conscient que le tango commence à passer de mode, il s'adapte à des budgets plus restreins en formant un duo avec Ciriaco Ortiz, auquel va se joindre le guitariste Ubaldo de Lio. Le succès est au rendez-vous, les apparitions et les tournées se multiplient, et ils enregistrent ensemble plusieurs disques.

En 1960 est formé le Quinteto Real, avec Salgán au piano, Enrique Mario Francini au violon et Pedro Laurenz au bandonéon. L'objectif du groupe est de créer des tangos instrumentaux conçus pour les concerts plutôt que pour danser. En 1998, il tient son propre rôle dans le film Tango de Carlos Saura, au sein d'El Nuevo Quinteto Real, une incarnation du groupe original.

Parmi ses 34 compositions, on retiendra particulièrement : “Del 1 al 5 (Días de pago)” (1944), “Don Agustín Bardi” (1947), “Entre tango y tango” (1953), “Grillito”, “La llamó silbando”, la milonga “Cortada de San Ignacio”, “A fuego lento” (1964), son titre le plus connu, à écouter ci-dessous, et les  valses: “A una mujer”, “En tu corazón”, et “Motivo de vals”.

En 2005, la Fondation Konex lui décerne le Diamond Konex Award, l'un des prix les plus prestigieux d'Argentine.

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Florindo Sassone

histoire du tango florindo sassone

Florindo Sassone ( Buenos Aires 12/01/1912 - Buenos Aires 31/01/1982) : violoniste, chef d'orchestre et compositeur.

Après avoir obtenu son diplôme de professeur de violon, il fait ses débuts professionnels, en 1930, dans un groupe dirigé par Antonio Polito qui se produit sur Radio Belgrano. L'année suivante, il a 18 ans, début de la consécration, il devient violoniste dans l'orchestre de Roberto Firpo.

En 1935, il forme son premier orchestre, débute le 1er janvier 1936 sur Radio Belgrano et se produit au café El Nacional, appelé la Cathédrale du Tango de la rue Corrientes , et au cabaret Marabú, avec la voix d' Alberto Amor, qui débutait à l'âge de19 ans. Quelque temps plus tard, Florindo Sassone travaille à Radio El Mundo où il fait une émission, tous les midis avec un grand orchestre composé de percussions, de harpe et d'autres instruments qui, dans le monde du tango, seraient communément qualifiés d' "exotiques".

Il commence à enregistrer pour la firme RCA Víctor en 1947, et en 1959 pour Odeon.

En 1960, Osvaldo De Santi, plus connu sous le nom d'Osvaldo Ramos, quitte l'orchestre d' Alberto Mancione et rejoint Sassone. Ils passent sur Radio El Mundo et sur les chaînes 7 et 11 de la télévision, tenant la vedette une bonne partie  de la décennie. Ils se produisirent au Patio de Tango et au Marabú firent à une tournée en Uruguay et enregistrèrent cinq disques.

Le Japon avec le chanteur Mario Bustos en 1966, de nouveau le Japon en 1975,Colombie et Venezuela en 1975, puis le Brésil et le Paraguay, les tournées s'enchainent avec succès. Florindo Sassone compose peu et c'est surtout ses enregistrements (il en fit plus de 300) qui sont appréciés, encore aujourd'hui. Ecoutons La ultima copa avec Mario Bustos :

florindo sassone au japon

A noter que sur le vinyl enregistré au Japon, dont on voit la photo à droite, l'un des titres attire l'attention : " L'Amour c'est pour rien ", tango écrit par... Enrico Macias... !

Cliquez ici ou sur l'image pour écouter et en savoir plus ===>

Peu de compositions mais l'une d'elle, la milonga Baldosa Flora, est toujours populaire

Le style de Florindo Sassone fait qu'il est encore aujourd'hui très souvent passé par les DJs en milonga. C'est la puissance de l'orchestre et sa primauté qui se remarque. On y retrouve également certaines particularités du style d' Osvaldo Fresedo, mais aussi de Carlos di Sarli : richesse mélodique et rythme bien marqué, ce qui explique qu'il est toujours apprécié des danseurs.

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Astor Piazzolla

histoire du tango astor piazzolla

Astor Piazzolla ( Mar del Plata 11/03/1921 - Buenos Aires 04/07/1992) : bandonéoniste, chef d'orchestre et compositeur.

Immense compositeur connu dans le monde entier, mais aussi sujet à polémiques, il était inévitable de lui consacrer une page spécifique.

Page spéciale Astor Piazzolla : cliquez    

Parmi de nombreux morceaux d'anthologie, pour les danseurs on retiendra quelques chefs-d'œuvre comme "Adios Nonino", ou "Libertango". Pour les audiophiles, on retiendra... il y en a trop, voir sa page spécifique. Pour les amateurs de classique ou de jazz, on balaiera ses œuvres, avec ou inspirées par, Rostropovitch, Gerry Muligan ou Miles Davis. Et pour les amateurs de cinéma, il faut citer "Oblivion", musique du film "Henri IV, le Roi fou", celle d' "Il pleut sur Santiago" et celle de "Tango, l'exil de Carlos Gardel".

Sur la page dédiée à Piazzolla on peut écouter Los Mareados, El Marne, A Fuego Lento, etc...(dont certains d'autres compositeurs mais totalement "revisités"), et y trouver interviews, photos et divers documents... Cliquez

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Hector Varela

histoire du tango hector varela

Hector Varela ( Avellaneda, province de BA 29/01/1914 - Avellaneda 30/01/1987) : bandonéoniste, chef d'orchestre et compositeur.

Etudiant à la fois le bandonéon et la comptabilité, il entre au conservatoire pour se consacrer exclusivement à la musique. Il intègre son premier orchestre à 16 ans, participe à diverses émissions de radio y accompagnant Tita Merello. En 1934, il n'a que 20 ans, il intègre l'orchestre de Juan d'Arienzo comme premier bandonéon et parfois arrangeur. En 1935 il accompagne Libertad Lamarque à Radio Belgrano. En 1939 il fonde son premier orchestre pour jouer à la radio, mais retourne avec Juan d'Arienzo, où il restera pendant dix ans, et où il rencontrera Fulvio Salamanca.

En 1950, avec un nouvel orchestre, il fait ses premiers enregistrements. De très grands chanteurs passèrent dans sa formation comme Armando Laborde, Rodolfo Lesica et Argentino Ledesma. Cest avec ce dernier qu'il enregistrera les célèbres " Fumando espero " (un tango espagnol) et " Fueron tres años".

Le succès fut considérable et les plus grands cabarets comme le Chanteclerc ou le Marabú, étaient bondés lorsqu'il y jouait.

Ecoutons l'incontournable " Fueron tres años " avec Argentino Ledesma, et, en instrumental, " Valsecito criollo "

            

Au Brésil où il fit une tournée triomphale, il adapta également en tangos des musiques entendues dans ce pays, comme : « Mi corazón es un violín », ou le célèbre « Historia de un amor ».

Dans les années 60, le tango étant en déclin, il joua un peu à la télévision, notamment dans l'émission "Grandes Valores del tango". Enfin, en 1979, il participa comme second rôle, au film "La carpa del amor".

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Mariano Mores

histoire du tango mariano mores

Mariano Mores ( Buenos Aires 18/02/1918 - Buenos Aires 13/04/2016) : pianiste, chef d'orchestre et compositeur.

Enfant, il joue très bien de la musique classique au piano. Il débute à 14 ans (certains disent qu'il a triché pour pouvoir jouer, et qu'il en avait 18...) au Café Vicente, avenue Corrientes, et prend des leçons de musique classique au conservatoire d'Andrea à Lanús. Après un bref passage dans l'orchestre folkloique La cuyanita, il est engagé comme chef d'orchestre et pianiste dans l'orchestre de Roberto Firpo.

En 1939, il a alors 21 ans, il entre comme pianiste  soliste dans l'orchestre de Francisco Canaro, et leur collaboration va durer 9 ans.

En 1948 il débute à la tête d'un orchestre dans la salle du Théâtre Presidente Alvear, avec comme arrangeur Martín Darré, et il ose y introduire des instruments inhabituels, orgue, accordéon, percussions, guitare électrique...

Avec Enrique Santos Discépolo, il est l'auteur de grands classiques tels que Uno (1943), Sin Palabras (1946) et Cafetín de Buenos Aires (1948) ; avec Mario Battistella : Cuartito Azul (1939) ; avec José María Contursi : En esta tarde gris (1941), Tu piel de Jazmín (1941), Grisel (1942) et Cristal (1944) ; avec Cátulo Castillo : El patio de la Morocha (1951)et La calesita (1953); avec Homero Manzi : Una Lágrima tuya (1949). Ecoutons Al frente al Mar enregistré en 1952, chanté par Susana Teodora Ramona Leiva, plus connue sous le nom de Suzy Leiva, puis ultérieurement par Claudia Mores :

Mariano Mores écrivit également la musique de plusieurs films : Senderos de fe (1938), Corrientes, calle de ensueños (1949), La doctora quiere tangos (1950), La voz de mi ciudad, avec Diana Maggi (1953), jouant comme acteur dans ces deux derniers films, et, comme acteur également, dans un petit rôle avec Hugo del Carril, dans Buenas Noches Buenos Aires, en 1964.

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Alberto Mancione

histoire du tango alberto mancione

Alberto Mancione ( Buenos Aires 08/10/1915 – 04/07/1998) : de son vrai nom Genaro Tórtora, bandonéoniste, compositeur et chef d'orchestre.

Plus intuitif que studieux, il joue du bandonéon dès 16 ans, alternant ses prestations de musiciens avec de petits boulots, y compris transporteur de carcasses de viande... En 1934, à 19 ans, il obtient son premier emploi de musicien avec le bandonéoniste José Figueroa, spécialisé en tango et folklore. Puis il rejoint l'orchestre d' Armando Baliotti et passe dans l'ensemble de Roberto Firpo, et passe quelque mois dans celui de Jose de Caro, au Club Olivos, et enfin, il fait un bref passage dans celui d'Edgardo Donato.

En 1938, il forme un groupe qu'il nomme Típica Armenonville, pour se produire au Palais de Palerme. Y débute comme chanteur celui qui triomphera plus tard sous le pseudonyme de Floreal Ruiz. L'expérience ne durera que trois mois, et en 1939, Mancione créa l'Orquesta Típica Los Dados Blancos avec le bandonéoniste Bernardo Álvarez. Mancione vient d'avoir 24 ans.

Le 25 avril 1942, avec Aníbal Troilo, il inaugure le cabaret Tibidabo sur Corrientes, où ils alternent dans leurs prestations. Le chanteur Floreal Luiz vient rejoindre ce groupe. Au début des années 1950, il commence à travailler comme artiste exclusif pour Radio El Mundo et cette collaboration durera pendant 16 ans. En 1966 il forme un Quator et accompagne parfois Argentino Ledesma. Peu de compositions nous sont restées, et on recense 41 enregistrements d 'Alberto Mancione, le dernier de 1956. Celui de Ventarron, en 1950, passe encore souvent aujourd'hui, les arrangements de ce morceau étant de lui.

Ecoutons la milonga, Permiso Señores avec deux de ses principaux chanteurs, Jorge Ledesma y Angel Varela :

Son style venait de Troilo, et il était encore plus proche d' Orlando Goñi , car il disait au pianiste de jouer legato avec la main gauche —comme le faisait Goñi—, tandis que les bandonéons jouaient en staccato le rythme à quatre temps. La musique sortait donc doucement, très agile, un son assez clair. Il dépendait aussi beaucoup du violon principal qui marquait les apostrophes, les expressions. Il s'agissait pour lui de corriger les dispositions qui lui parvenaient... (d'après todotango.com)

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Donato Racciatti

histoire du tango donato racciatti

Donato Racciatti di Nardo ( Guilmi , Italie, 18 octobre 1918 - Montevideo, 27 mai 2000) bandonéoniste, chef d'orchestre et compositeur uruguayen d' origine italienne.

Né en Italie, il arrive très tôt en Uruguay où il étudie la musique et le bandonéon. Il débute à la radio en 1938, il a tout juste 20 ans. Deux ans plus tard, il intègre un premier orchestre, celui de Laurenz-Casella. Cinq ans plus tard, en 1945, il est appelé à le diriger. Donato Racciatti enregistrera à neuf reprises avec le chanteur de l'orchestre, Luis Alberto Fleitas.

Il crée son propre orchestre en 1948, et fait ses débuts à l'Hôtel Nogaró à Punta del Este, grande station balnéaire au sud de Montevideo. Un de ses bandonéoniste Raúl Jaurena sera plus tard, lui-même, chef d'orchestre et compositeur. Parallèlement Donato travaille à Radio Universal, puis à Radio Sarandí, l'une des grandes radios de l'époque. Il signe pour le label Sondor et enregistre ¿Conocen estos compases? de Horacio Márquez.

Fort de son succès, il se déplace beaucoup, principalement en Uruguay et au Brésil, même s'il est fort connu et apprécié en Argentine. En 1953 il s'associe avec deux chanteuses qui renforceront encore plus sa réputation, Nina Miranda et Olga Delgrossi. Leur collaboration durera jusqu'en 1960. D'autres grands chanteurs passeront dans cet orchestre.  Ecoutons Tu corazón avec Nina Miranda, et un des plus grands succès de Donato Racciatti, Hasta siempre amor avec Olga Delgrossi :

            

Le style de Donato Racciatti : la prépondérance donnée aux voies féminines soutenues par un tempo très marqué.

Dans les années 50, il participa avec son orchestre à différentes comédies musicales telles que "Barrio de luna y tamboril" et "Muchachos que peinan canas". Il jouera au Cabaret Marabù avec Anibal Troilo et Carlos di Sarli, et fera également plusieurs tournées au Japon entre 1983 et 1997 et y réalisa près de 120 concerts, étant très populaire auprès du public Nippon.

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Osmar Maderna

histoire du tango osmar maderna

Osmar Maderna ( Pehuajó , province de Buenos Aires , Argentine , 26 février 1918 – Lomas de Zamora , province de Buenos Aires , Argentine , 28 avril 1951) pianiste, réalisateur, compositeur et arrangeur argentin.

Dès cinq ans il s'intéresse au piano, même si son père n'est pas d'accord pour qu'il soit musicien. Vu les progrès de son fils, il l'intègre pourtant pour ses dix ans dans son orchestre, comme chargé du pianola (piano mécanique dont certains modèles permettent au musicien de jouer en sus de la partie mécanique). A treize ans, Osmar Maderna fonde son premier orchestre, baptisé "Vitaphone", et parcourt la région. A quinze ans, après des études au conservatoire,  il obtient son diplôme de professeur de piano.

En 1938, à vingt ans, il s'installe à Buenos Aires. En octobre 1939, il rejoint l'orchestre de Miguel Caló, remplaçant le pianiste Héctor Stamponi. Osmar y restera cinq ans, et deviendra le principal arrangeur de Miguel Caló.

Il fut un des principaux artisans, certain diront l'artisan principal, du succès de la formation qu'on appellera "La orquesta de las estrellas". Il faut dire que sont passés dans cet orchestre, Enrique Mario Francini, Armando Pontier et Domingo Federico...

En 1945, il fonde son premier vrai orchestre professionnel et débute au mythique Café Marzotto, et passe sur Radio El Mundo et Radio Belgrano. Il commence à enregistrer avec le label uruguayen Sondor, puis avec le label RCA, nous laissant ainsi 57 enregistrements. Peu de composition propre mais des compositions en coopération avec Miguel Calo. Son plus grand succès fut sa valse « Pequeña », écrite par Homero Expósito et enregistrée par Maderna en 1949 avec la voix d'Hector de Rosas. Ecoutons deux autres de ses enregistrements célèbres, dans l'ordre, son interprétation de Chiqué (El Elegante), puis de Escalas en Azul :

            

Ce dernier morceau, Escalas en azul, évoque, avec quelques autres dont Luna de Plata que nous pourrons écouter plus loin, la seconde passion d'Osmar Maderna, l'aviation. Malheureusement elle lui fut fatale, et Osmar se tua dans un accident d'avion en 1951... à seulement 33 ans... Un violoniste de son orchestre, Aquiles Roggiero, repris le flambeau et continuera à jouer son œuvre dans l'orchestre Simbolo Osmar Maderna. Aujourd'hui c'est un orchestre moderne qui reprend l'essentiel de Miguel Calo et Osmar Maderna, l'Orquesta Tipica Sans Soucis, dont nous pouvons écouter l'interprétation de la valse Luna de Plata :

Le style d'Osmar Maderna se caractérise par un mélange de rythmique traditionnelle et de quelques syncopes et 3-3-2, le tout permettant de danser facilement comme sur un 4 temps traditionnel mais sur une rythmique nettement plus enrichie. Richesse de la mélodie, piano mis en avant avec de superbes solos, les autres musiciens en pratiquant également, lui valurent le surnom de "El Chopin del tango", titre qui fut donné à un de ses albums, tout récemment en 2022.

Il participa à deux films, El Idolo del tango (1949) avec son orchestre au complet (et una linea de cuatro bandoneóns) et une interprétation magistrale au piano, et l'année suivante Al compás de tu mentira (1950).

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Atilio Stampone

histoire du tango atilio stampone

Atilio Stampone (Buenos Aires , 1er juillet 1926 - 2 novembre 2022) pianiste, arrangeur, metteur en scène et compositeur.

Il commence le piano à l'âge de dix ans, et intègre l'orchestre de son frère en 1941. A l'âge de quinze ans, il rejoint l'orchestre de Roberto Dimas, qui se produit au café Marzotto sur Corrientes. Un jour, Pedro Maffia vient voir le spectacle et, fortement impressionné,  il lui propose de venir jouer au Tibidabo. Un an plus tard, Atilio intègre l'orchestre de Pedro Maffia.

En 1945, il rejoint l'orchestre de Roberto Rufino.

Cette même année, il rencontre Astor Piazzolla, qu'il rejoint un peu plus tard en 1946. Ils vont rester ensemble pendant trois ans. En 1949, à l'âge de vingt-trois ans, il travaille comme soliste dans l' orchestre Mariano Mores et, la même année, il rejoint brièvement le groupe de Juan Carlos Cobián. En 1950 il obtient une bourse d'études en Italie, où ses amis Julián Plaza et Alfredo Marcucci arrive à le convaincre de faire une tournée autour du monde. Pendant deux ans ils voyagent à travers l'Italie , la France , la Grèce , l'Égypte , la Syrie , le Liban et la Turquie.

En 1952, de retour à Buenos Aires il forme l'orchestre Stampone - (Leopoldo)Federico. En 1955, il enregistre un album 78 tours avec son propre orchestre et les chansons " El Marne " d'Eduardo Arolas, ainsi que le tango de sa compoisition,  "Afiches", avec des paroles d'Homero Expósito , chantées par Héctor Petray. En 1956, il enregistre "Nuevos puntos" (de Francisco Canaro ) et " Confesión " (d' Enrique Santos Discépolo et Luis César Amadori ), avec le même chanteur. Durant l'année 1955 il fera également partie de l'Octeto Buenos Aires d'Astor Piazzolla.

Il continue, malgré tout, de poursuivre ses études d' harmonie, de composition, de contrepoint, de fugue, de direction d'orchestre et de musique dodécaphonique avec les professeurs Julián Bautista et Teodoro Fuchs. Parmi les classiques, il étudie Beethoven , Chopin et Ravel . Grand amateur de jazz, il admirait Oscar Peterson et Bill Evans.

roberto goyeneche     Ecoutons "Afiches" composé par Atilio Stampone, paroles d'Homero Exposito, et chanté par Roberto Goyeneche

En 1985, en raison de sa personnalité et de sa carrière infatigable, il a été élu directeur de la Société argentine des auteurs et compositeurs de musique , SADAIC, l'entité qui collecte les droits d'auteur des musiciens et paroliers et, plus tard, il a été nommé président de celle-ci. Cette année-là, il était aussi président du jury du prix Konex . Il a travaillé , tels que Roberto Goyeneche, Virginia Luque et Néstor Fabián. En 1985, il compose le groupe musical du film The Official Story, lauréat de l' Oscar du meilleur film étranger.

Le 14 mai 1987 — dans le cadre du Festival de San Isidro — il crée son spectacle Tango in Concert au Teatro Real de Madrid (Espagne). En raison de son grand succès à Madrid, il a également été créé à Mar del Plata (Argentine), avec l'orchestre symphonique de cette ville. En 1989, il compose la musique de la piè"Times New Roman" size="4" color="#FFCC99"> "Discepoín", faisant référence à la vie d'un grand du tango : Enrique Santos Discépolo. Un album sort avec cette œuvre. La même année, il réalise la musique du film de coproduction portoricain et argentin Tango Bar.

En juillet 2000, le Ministère de la Culture de la Nation l'a nommé directeur de l' Orchestre National de Musique Argentin "Juan de Dios Filiberto" . Son activité médiatique a été incessante et le prestige acquis l'a amené à devenir directeur de l'Orchestre municipal de Buenos Aires, avec lequel il s'est produit dans les événements les plus divers pour faire du tango et de la musique en général, se distinguant par sa direction sans équivoque, et il continua à diriger "l'Orchestre National de Musique Argentine Juan de Dios Filiberto". En 2000, il a reçu le Prix pour l'ensemble de sa carrière du Fonds national pour les arts et en octobre 2003, par la loi n° 1091 de l' Assemblée législative de la ville autonome de Buenos Aires, il a été désigné Citoyen illustre. En 2005, il est à nouveau président du jury des Konex Awards. Il s'est produit avec son orchestre dans le film documentaire Café de los Maestros (2008) réalisé par Miguel Kohan et dans l'album Café de los Maestros Vol. 1 et 2 (2005) dans lequel il a enregistré "Orgullo criollo" et "Mi Amigo Cholo".

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Quinteto Real

histoire du tango quinteto real

Quinteto Real (1960-2010) : orchestre fondé par Horacio Salgán en 1960, avec Salgán au piano, Pedro Laurenz au bandonéon, Enrique Mario Francini au violon, Ubaldo De Lío à la guitare et Rafael Ferro à la contrebasse.

Un orchestre exceptionnel qui va durer un demi-siècle... Un des plus important exemple de continuité dans le monde du tango.

Dix ans après sa création, le Quinteto évolue : Quicho Díaz remplacera Ferro à la contrebasse, mais le plus gros changement intervient après la mort de Pedro Laurenz et celle d'Enrique Francini, respectivement remplacés par Leopoldo Federico au piano et Antonio Agri au violon.

 Dans les années 1990, arrive dans la formation, Néstor Marconi au bandonéon. En 1999, le Nuevo Quinteto Real réunit Salgan et De Lio avec le violoniste Hermes Peressini, le bandonéoniste Nestor Marconi et le contrebassiste Oscar Giunta.

Au début du XXe siècle, Horacio Salgán prend sa retraite et confie à son fils César Salgán le piano et la direction de l'ensemble. Horacio continue d'apparaitre de temps à autre, dans le groupe. En 2004, la formation comprend Ubaldo De Lio à la guitare, Julio Peressini au violon, Carlos Corrales au bandonéon et Angel Bonura à la contrebasse.

En 2010, le quintette a célébré ses « 50 ans » avec des tournées dans différents pays du monde, se produisant au Bicentenaire de l'Argentine où il a joué devant plus d'un million de personnes, ainsi qu'au Festival de Tango de la ville de Buenos Aires, avec la participation d'Horacio Salgán et d'Ubaldo de Lío.

"El Arranque" de 1960.

En tout, on compte une cinquantaine d'enregistrements, exécutés en trois sessions : 1960, 1964 et 1987.

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Fulvio Salamanca

histoire du tango fulvio salamanca

Fulvio Werfiel Salamanca ( Juan B. Molina , province de Santa Fe , Argentine, 19 août 1921 – 25 mai 1999), également connu sous le nom de Tony Cayena , était un éminent pianiste , compositeur , chef d'orchestre et arrangeur.

D'une incroyable précocité, il commence à étudier le piano à 6 ans et en devient professeur à seulement 12 ans. A 14 ans il forme son premier groupe, et comme nous sommes en 1935 et qu'il est encore gamin, il l'appelle Orquesta Mickey, le personnage de dessin animé créé quelques années plus tôt.

En 1939, Juan d'Arienzo l'entend jouer à Las Varillas, dans la province de Cordoba. Il l'invite à venir auditionner à Buenos Aires. Un an plus tard D'Arienzo l'incorpore à son orchestre, Fulvio vient d'avoir 19 ans. Il va rester 17 ans dans l'orchestre de D'Arienzo... Quelques années parfois mouvementées : Fulvio, d'obédience communiste étant souvent arrêté, et ne devant sa libération qu'à l'intervention de D'Arienzo...

En 1957 il fonde son premier orchestre, enregistre "Chique" et "Alma en peina" pour le label Odeon, et en Juin fait ses débuts sur Radio Splendid. Durant les années 60, il se produit en Uruguay, au Chili, et enregistre deux albums en 1966 et 1968, commandés par le Japon. Avec Odeón, il réalise 36 disques entre 1957 et 1963 ; avec Philips 11 en 1961 ; avec Music Hall, 60 chansons entre 1964 et 1969, dont une excellente version du tango Maipo, d' Eduardo Arolas. À cela s'ajoutent 48 enregistrements pour des labels japonais et dix pour Almalí. On lui doit quelques belles compositions, dont la Valse Eterna, dédiée à sa femme et enregistrée par d'Arienzo, le tango "Matraca" à écouter ci-dessous, avec également un enregistrement célèbre de "Bomboncito", d'Armando Guerrico, dont on entend souvent la reprise, par des orchestres contemporains.

            

On a dit de lui qu'il était le "meilleur pianiste de tous les temps"...

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Leopoldo Federico

histoire du tango leopoldo federico

Leopoldo Federico ( Buenos Aires , 12 janvier 1927 - 28 décembre 2014)
Chef d'orchestre, compositeur, arrangeur  et bandonéoniste.

Son père, bandonéoniste lui-même, l'initie à ce instrument, son oncle "Chilo", Francisco Requena, puis Juan Cambareri, Pedro Maffia et Pedro Laurenz, complétèrent sa formation. A 17 ans, en 1944, il commence sa carrière professionnelle dans l'orchestre de Juan Carlos Cobian.

Deux ans plus tard, Osmar Maderna lui demande de venir le rejoindre dans sa formation. Durant la fin des années cinquante, il joua également avec Héctor Stamponi, Mariano Mores, Carlos Di Sarli, Horacio Salgán, Florindo Sassone, Lucio Demare, Alfredo Gobbi, Miguel Caló...

En 1952, il forme un duo avec Atilio Stampone et enregistre avec les chanteurs Antonio Rodríguez Lesende et Carlos Fabri : Tierrita et Criolla Linda, et en 1955, Astor Piazzolla l'appelle pour rejoindre l'Octeto Buenos Aires.

En 1959 il enregistre son premier album comme soliste, et parallèlement, il accompagne le chanteur uruguayen Julio Sosa à la tête de son orchestre et enregistre 64 chansons pour le label CBS et Columbia Records. Les plus grands succès étaient : " Cambalache ", " Mano a mano ", " Nada ", " El Firulete ", " Qué me van a llama sobre amor ", " Dans cet après-midi gris ", " Uno ", " Rencor " et une version originale de « La Cumparsita », que nous pouvons écoutez ci-dessous :

En 2005, son orchestre a remporté le Konex Platinum Award en tant qu'ensemble de tango le plus important de la décennie en Argentine.  En 2009, il enregistre avec Hugo Rivas l'album " "Sentido Único", qui reçoit en 2010 le Prix Gardel comme "Meilleur album de tango orchestral et/ou de groupe et/ou instrumental". Le 11 décembre 2012, la Chambre des députés de la Nation et le Centre d'études d'intérêts nationaux (CEIN) lui ont décerné une distinction pour l'ensemble de son parcours.
Enfin, en 2015, il a obtenu le diplôme de mérite post-mortem
Konex.

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Rodolfo Mederos

histoire du tango rodolfo mederos

Rodolfo Mederos ( Buenos Aires , Argentine , 25 mars 1940) bandonéoniste , metteur en scène , professeur , compositeur et arrangeur...

Né à Buenos Aires, il passe son enfance dans la province d'Entre Rios, et part étudier la biologie à l'Université de Cordoue. Parallèlement, fervent admirateur de Piazzolla, il étudie le bandonéon et il en devint un virtuose.

A 20 ans, en 1960, il forme son premier groupe, l'Octeto Guardia Nueva, qui impressionna Piazzolla lui-même. Et lorsque, quelques années plus tard, Piazzolla revint à Cordoue, il invita Mederos à se produire dans ses récitals.

En 1965, il part à Buenos Aires et enregistre son premier disque Buenos Aires, al rojo dans lequel il interprète des pièces de Juan Carlos Cobián et Astor Piazzolla. Après deux années à Cuba, puis à Paris, et voulant se libérer de l'influence de Piazzolla, il rejoint le nouvel orchestre d'Osvaldo Pugliese, le Sexteto Tango, avec Arturo Penón, Daniel Binelli et Juan José Mosalini.

En 1972, il fut l'arrangeur du "Quinteto Guardia Nueva" qui avait Mosalini et Binelli aux bandonéons. En 1976, il forme un nouveau groupe, « culte » pour certains : Generación Cero sans doute l'apogée de sa créativité et sa plus grande contribution à la nouvelle musique de Buenos Aires. De tendance non conventionnelle, le style tentait une triple fusion entre le jazz , le rock et la chanson de Buenos Aires. Il présentait des arrangements élaborés avec des influences impressionnistes.

Ecoutons " Lo que vendrá " de son premier album de 1965, puis " De todas maneras ", titre phare de son album de 1972

            

Mais il a su aussi nous laisser des enregistrements plus conventionnels, tel que " Milonga de mis Amores " de son album
" Eterno Buenos Aires ", enregistré en 1999

En 1985, il reçoit son premier prix Konex dans la catégorie Tango Ensemble/Avant-garde Tango, comme l'un des meilleurs de la décennie en Argentine. Il participe au film documentaire " País cerrado, teatro abierto ", sorti en 1990. Au début des années 1990 avec une position confortée sur la scène musicale, il revient à l'enregistrement avec une nouvelle série de disques compacts, avec divers groupes : "Tanguazo" (1993) , "Carlos Gardel" (1994), "My Buenos Aires Queria" avec un trio auquel participe le grand pianiste Daniel Barenboim (1995). Il écrivit la musique des films The Day Maradona Met Gardel (1996), le film documentaire Quereme Así (Piantao) (1997) et Diary for a Story (1998). Il a également enregistré "El tanguero" (1998) et "Eterno Buenos Aires" (1999). En 2000, il poursuit sa production avec l'album "Tango Mederos-Brizuela" et avec un autre avec la musique du film " Las veredas de Saturno " qu'il avait initialement composé vingt ans auparavant.

De plus en plus en recherche de l'authenticité du tango, Mederos travaille avec son Orquesta Tipica, et enregistre la trilogie Comunidad - Intimidad - Soledad. Dans une interview à Bogota, il critique les tendances du tango électronique , les qualifiant de « macdonalisation » du tango. (El Tiempo-10 juillet 2009). En 2005, il reçu le Diplôme de Mérite des Konex Popular Music Awards comme l'un des 5 meilleurs instrumentistes de tango de la décennie en Argentine.

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Osvaldo Ruggiero

histoire du tango fulvio salamanca

Osvaldo Ruggiero (Buenos Aires, 22/9/1922 – ibid, 31/5/1994) Osvaldo Lino Ruggiero de son vrai nom, était bandonéoniste et compositeur.

Fils d'immigrants italiens, il étudie seul le bandonéon avec son père, qui pourtant n'était pas du métier. Malgré tout, sans avoir connu d'autre professeur, et après un travail solitaire acharné, il intègre à 17 ans l'orchestre d' Osvaldo Pugliese. En fait il avait commencé avec de petits orchestres éphémères et passait sur Radio Sarmiento, et c'est un musicien de rencontre qui le recommanda à Pugliese. Durant son passage dans cet orchestre, il reçut du Maître (même si Pugliese refusait d'être appelé ainsi ; j'espère qu'il me pardonnera...) une formation qui l'influencera le reste de sa carrière.

Il prit une telle place dans l'orchestre que celui-ci était connu sous le nom " La orquesta de los dos Osvaldos ". En 1966, Pugliese crée El Sexteto avec Ruggiero au Bandoneon, lui-même se remettant d'une longue maladie.

(voir le chapitre ci-après : Sexteto Tango)

Egalement compositeur, il nous a laissé "A mis Compañeros" , "Catuzo" , "N.N."  , "Rezongo triste" , sa préférée car écrite en pensant à son père, "Yunta de oro" , composée à la naissance de ses deux filles, et la milonga "Bordoneo y 900".

Rezongo triste           et           Bordoneo y 900

            

A 72 ans Osvaldo Ruggiero dirigeait encore son orchestre, mais un jour, pendant une répétition, il fut pris d'un malaise et décéda peu de temps après. Il est enterré au cimetière de la Chacarita.

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Julián Plaza

histoire du tango fulvio salamanca

Julián Plaza ( Général Manuel Campos, province de La Pampa, 9/07/1928 – Buenos Aires, 19/04/2003), pianiste, bandonéoniste, compositeur, arrangeur, et directeur d'orchestre.

Il apprend le bandonéon par correspondance, aidé par son père qui jouait de cet instrument. Très tôt, vers 11 ans quand sa famille s'installe à Buenos Aires, il s'intègre dans des orchestres d'enfants et d'adolescents. A 15 ans, il débute dans l'orchestre d'Edouardo Donato ! A 21 ans il travaille dans la formation de Miguel Caló. Parallèlement il a joué avec Antonio Rodio, Carlos di Sarli, et également dans une tournée d'Edouardo Blanco.

En 1950 il réalise son premier arrangement pour Miguel Caló. Il continuera plus tard son travail d'arrangeur pour Pugliese, mais aussi pour Anibal Troïlo, Atilio Stampone, Leopoldo Federico, Osvaldo Piro, José Colángelo et, bien sûr, pour le Sexteto Tango.

En 1959, il rejoint Osvaldo Pugliese, toujours comme bandonéoniste, et part en tournée à travers la Russie et la Chine. Il participa à la création du Sexteto Tango, et comme il y avait déjà deux bandéonistes, Osvaldo Ruggiero et Victor Lavallén, il l'intégra comme pianiste, instrument où il excellait tout autant !

Mais c'est comme compositeur qu'il est resté le plus connu, et on lui doit des œuvres magistrales, comme "Danzarín", "Sensiblero", "Melancólico", "Nostálgico" et "Dissonante", "Nocturna" "Color Tango" (qui donna son nom au fabuleux orchestre de Roberto Álvarez, qui perpétua longtemps la tradition et le style de Pugliese) et la milonga "Morena".

Il faudrait les écouter tous, ci-dessous Danzarin et Nostalgico

            

et ce morceau d'antologie : Nocturna

Le style de Julian Plazá est facilement reconnaissable, à la croisée des routes de Miguel Caló, Anibal Troïlo et Osvaldo Pugliese, à la fois avant-gardiste et toujours fidèle aux racines du tango. On dit de lui qu'il est allé aussi loin dans la recherche de nouveauté, que le tango le permettait, et qu'au delà le tango y perdait... même son nom...

Avec son orchestre et avec ses propres arrangements, il contribua à la musique de plusieurs films argentins tels que La tregua (1974), Only ella (1975), Sentimental (Requiem pour un ami) (1980) et Chau, papa (1987). Il a été directeur de la Sadaic, où 38 de ses enregistrements ont été répertoriés, et a reçu le prix ACE Gold en 1997.

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Sexteto Tango

histoire du tango fulvio salamanca

Le Sexteto Tango est un ensemble musical de tango fondé en 1968 par un groupe de musiciens appartenant à l'orchestre d' Osvaldo Pugliese, et qui a continué à se produire jusqu'en 1991.

Pour citer un paragraphe significatif de l'excellent site TodoTango et de la page écrite sur le sujet par Ricardo García Blaya : Pour le chercheur Luis Adolfo Sierra, outre le talent et le prestige de ses membres, le Sexteto était autre chose, « bien plus que la somme de précieuses contributions individuelles... il se présente comme une unité toute nouvelle, originale et avec une certaine projection vers l'avenir ». ... cela corrobore la parfaite possibilité de continuer la structure essentielle d'un style consacré (celui de Pugliese), sans tomber dans une version fausse ou dans une vulgaire imitation».

Osvaldo Pugliese, à son retour du Japon, eut l'idée en 1965 de créer un nouvel orchestre sur le modèle de celui de De Caro. La crise que traversait le tango, impliquait en effet de réduire le nombre de musiciens.

Pugliese ne réalisa pas ce projet, mais suite à sa maladie en 1968 qui l'obligea à interrompre ses représentations, six des membres de son orchestre se réunirent pour créer le Sexteto Tango. Malgré leur origine commune, ils créèrent très vite un son et un style qui leur étaient propre et qui firent leur renommée. L'orchestre était composé des bandonéonistes Osvaldo Ruggiero et Víctor Lavallén, des violonistes Emilio Balcarce et Oscar Herrero, de Julián Plaza au piano, d'Alcides Rossi à la contrebasse et de Jorge Maciel au chant. A noter que lorsque Pugliese put reprendre ses représentations, les musiciens jouèrent simultanément dans les deux formations, et l'entente restera parfaite même lors de leur séparation en 1991.

Ecoutons un de leurs tout premiers morceaux, " A fuego lento " enregistré en 1968,
et " Shusheta (El aristócrata) " de Juan Carlos Cobián, enregistré 15 ans plus tard avec Roberto Goyeneche :

            

Ils firent de nombreuses tournées en Amérique du Sud, aux Etats-Unis, en Europe, et ils jouèrent pendant deux mois aux Trottoirs de Buenos Aires, en 1987, puis réalisèrent une tournée au Japon, et enregistrèrent onze LP sous le label RCA Victor.

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Sexteto Mayor

histoire du tango fulvio salamanca

Le Sexteto Mayor est un groupe musical de tango argentin fondé le 29 avril 1973 par Luis Stazo et José Libertella, à l'initiative de ce dernier. Son rôle fut déterminant dans le reprise du tango en 1983.

A 15 ans José Libertella rencontra Luis Stazo qui jouait alors avec Argentino Galván au Tango Bar, et l'année suivante, en 1950, il rejoint l'orchestre d' Osmar Maderna, où joue également Stazo. Ils poursuivirent leurs carrières respectives et vers 1972 surgit l'idée de former un groupe comme le Quinteto Real d' Horacio Salgan. Ils rassemblèrent quelques musiciens, certains payés de leur poche, et commencèrent à jouer une fois par semaine sur Radio El Mundo, sans gagner le moindre argent, et en alternant la direction de l'ensemble une fois chacun. En 1973, ils firent leur vrais débuts lorsqu'ils furent embauchés à La Casa de Gardel, dont le propriétaire Machado Ramos leur a donné le nom qu'ils ont ensuite conservé. Ils y accompagnèrent la chanteuse Gloria Diaz qui leur permit de débuter à la télévision.

En 1981, Thomas Barna, conseiller culturel des Trottoirs de Buenos Aires à Paris qu'il vient d'aider à fonder, les y invite pour la grande soirée d'inauguration. Ce fut leur premier grand succès international. Mais ce fut aussi le début d'une longue carrière : Claudio Segovia était présent ce soir là, et, en 1983, il les invita à jouer dans le grand spectacle  " Tango Argentino ", contrat initialement passé pour une semaine...au vu du succès il se prolongera pendant 9 ans !

On peut dire que le renouveau du tango dans le monde, au départ une nouvelle fois de Paris, est dû en partie grâce à eux.

Fin octobre 1985, ils obtinrent une consécration totale avec le spectacle Tango Argentino à Broadway au Mark Hellinger Theatre au cours d'une saison qui, prévue sur six semaines, dura six mois. En 1993, ils ont créé le spectacle Tango Pasión au Coconut Grave à Miami, puis se sont produits à Broadway, puis au Deutsches Theater de Munich. En 1996, ils firent une vaste tournée dans différents pays d' Europe, notamment en Finlande, à Saint-Pétersbourg, à Moscou et en Asie, à Hong Kong et à Singapour, avec un total de 264 représentations. En 1997, il firent une autre tournée à travers l'Europe : Athènes , Thessalonique , Rhodes et Istanbul et à travers l'Asie, à Taiwan et au Japon, avec un total de 237 représentations. Ils se sont produits dans plus de 700 villes et a enregistré plus de 20 albums.

Doté d'excellents arrangements musicaux, leur répertoire s'étendant des tangos classiques à ceux des auteurs contemporains, Piazzolla compris, les a rendu célèbres dans le monde entier avec une sonorité incomparable. De plus, ils surent garder une grande qualité et une grande homogénéité au niveau des musiciens qui s'y sont succédés : José Libertella Bandonéon, Fernando Suárez Paz (violon), Mario Abramovich (violon), Armando Cupo (piano), Enrique "Kicho" Diaz (contrebasse), Bandonéon et direction : Walter Ríos ( bandonéon et direction à partir de 2004), Bandonéon : Horacio Romo (bandonéon), Mario Abramovich (violon), Eduardo Walczak violon), Oscar Palermo (piano), Eduardo Walczak (violon), pour ne citer que les plus connus.

Ecoutons et regardons, une de leurs prestations, ici dans le spectacle " Tango Pasión " de 1993

" Celos ", " A fuego lento " et " Adios Nonino "

Jose Libertella, Luis Stazo, Eduardo Walczac, Oscar Palermo, Osvaldo Aulicino, Jorge Orlando, Anibal Gluzman Becker
Mario Abramovich (violon solo)

José Libertella et Luis Stazo ont codirigé le groupe jusqu'à la mort de libertella, le 8 décembre 2004. Lorsque Stazo a démissionné peu de temps après, il a été proposé à Abramovich de diriger le groupe mais il a refusé parce que son intérêt était de jouer et rien d'autre. Walter Ríos a ensuite pris la direction de l'orchestre jusqu'à la mi-2005, date à laquelle il a quitté le groupe et a été remplacé par Horacio Romo.

La formation a réçu de nombreux prix tout au long de son existence. parmi ceux-ci, on peut citer : Prix ​​Gardel d'Or CAPIF (1976); Diplôme du mérite de la Fondation Konex dans la catégorie ensemble de tango avant-gardiste (1985); Grand Prix SADAIC (1995) du Grand Interprète dans la catégorie musique populaire ; Konex Platinum Award 1995), Meilleur ensemble de tango de la décennie 1885-1995 ; Latin Grammy Award (2003), de l' Academy of Recording Arts and Sciences , pour son album Homenaje a Piazzolla dans la catégorie "Meilleur groupe ou orchestre de tango" et un des derniers en date, Prix ​​​​Stimulus (2004) du National Endowment for the Arts.

Le 8 février 2007, Oscar Palermo décède et est remplacé par Fulvio Giraudo. Le 1er décembre 2014, Mario Abramovich, décède et est remplacé par Pablo Agri. En 2023 l'orchestre renouvelé, existe toujours et continue ses tournées...

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